Les trois principales religions monothéistes comportent des interdits alimentaires, plus ou moins strictement observés au cours des siècles. Le judaïsme et l’islam classent les aliments du pur à l’impur et prescrivent un abattage rituel dont la connaissance et le respect rendent l’aliment licite, kasher ou halāl. En revanche, la morale alimentaire chrétienne repose sur des interdits calendaires (l’abstinence et le jeûne) et l’inclusion de la gourmandise (gula) dans la liste des sept péchés capitaux. Théologiens, anthropologues et historiens disputent des raisons de ces interdits en privilégiant des raisons hygiéniques, morales, symboliques ou allégoriques.
Qu’ils soient absolus (les tabous) ou calendaires, ils permettent surtout, tout comme les bombances des fêtes religieuses, de construire dès l’enfance, et d’entretenir quotidiennement, l’identité de la communauté et de se distinguer de l’autre – le juif, le chrétien, le musulman, l’athée – tant la religion est ce qui unit (religare) mais aussi relègue (relegare).
Professeur des universités, Florent Quellier enseigne l’histoire moderne à l’université d’Angers (laboratoire TEMOS - Temps, Mondes, Sociétés - UMR 9016).Membre du conseil scientifique de l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation, il est spécialiste de l’histoire de l’alimentation. Il a notamment publié La table des Français, une histoire culturelle, fin XV e – début XIX e siècle (2007, rééd. 2013), Gourmandise, histoire d’un péché capital (2010, Prix Jean-Trémolières), Festin, ripailles et bonne chère au Grand Siècle(2015) et a dirigé une vaste Histoire de l’alimentation de la préhistoire à nos jours parue en 2021, lauréate du prix Prix Anthony-Rowley – Histoire et gastronomie 2021.